Il avait fait le tour de ses « amis » aucun n'avait daigné lui offrir un endroit où rester au moins quelques jours. C'était une douloureuse déception. Une trahison aussi. Il savait qu'il aurait pu tout faire pour eux s'ils lui avaient demandé, mais l'inverse ne semblait pas possible. C'était injuste. Il se sentait tellement honteux, nul, et déprimé. Ne méritait-il pas au moins un semblant de respect ? Il ne savait même pas vers qui aller. C'était effrayant. Il comprenait enfin ce que c'était la solitude. La véritable solitude. Il n'aurait jamais cru cela possible. Tous ses efforts pour être entouré, pour être du bon côté de la « société » étaient en train de s'effondrer. Tout cela à cause d'une différence que personne n'avait soupçonné. Il n'avait pourtant pas changé, il était le même. Pourquoi ?
Il reprit son sac, le remit une énième fois sur son épaule. Il était fatigué. Son corps souffrait encore des coups que son père lui avait offert en cadeau d'adieu, d'ailleurs, son visage ne devait pas être très beau à voir. Il sentait que sa paupière inférieure droite avait gonflé, et en regardant son reflet dans une fenêtre, il constata qu'elle avait bleuie, lui faisant un magnifique coquard. Sa lèvre inférieure avait elle aussi souffert, fendue, elle avait un peu enflée. Vraiment, on pouvait affirmer que le travail avait été bien fait si le but était de le défigurer. Il remonta sa capuche et baissa la tête, reprenant sa route. Hésitant. Il ne savait vraiment pas quoi faire. Il marcha. Puis il aperçut ce garçon. Il ne savait même pas son nom. Il se souvenait juste que c'était un garçon dont certains de son groupe se moquait. Trop bizarre. Maintenant, ils étaient dans le même lot : bizarres tous les deux.
Il ne sut pas bien pourquoi il fit cela. Il ne comprenait pas. C'était comme si ses pieds avaient choisi pour lui sa destination. Il ne comprit pas pourquoi il frappait à la porte de cet inconnu qui venait lui-même de rentrer. Il se disait que lui peut-être comprendrait. Ou alors, il lui claquerait aussi la porte au nez en lui rappelant que l'année passée, il n'avait pas hésité à rire sur son passage, comme un mouton. Il comprenait maintenant que c'était une erreur. Il n'avait fait que des erreurs depuis le début. Sa main retentit pourtant contre le bois. Il sentait les larmes monter à ses yeux. Bon sang, il n'allait pas jouer les pleureuses... Il sentit la porte se dérober sous ses doigts. Il vit cet inconnu devant lui. Il releva la tête, croisant craintivement son regard.
« Je suis désolé... Je sais pas pourquoi je te dérange... Je... »bafouilla-t-il indistinctement.