c’est qu’aujourd’hui est un jour spécial. très spécial. pour la simple et bonne raison que j’en ai décidé ainsi, tout simplement. c’est que, j’ai l’esprit extrêmement préoccupé ces derniers temps. nikki me hante toute entière, je n’sais pas sur quel pied danser, je n’sais pas comment je dois réagir, ce que je dois faire, ce que je dois dire. alors, j’ai décidé de moins, beaucoup moins me prendre la tête. ou du moins, pour aujourd’hui seulement. ça sera un peu plus simple que de le faire constamment. ça sera réalisable, en fait. et pour ça, je n’ai besoin que d’une chose. andreaaaaaa. je crie, à travers le parc, mes cheveux balancent lourdement sur mes épaules alors que je le rejoins en courant et saute dans ses bras. si je suis heureuse de le retrouver ? bien plus que ça, encore. c’est qu’andrea est véritablement la seule personne à mes côtés depuis si longtemps que je n’imagine même plus ma vie sans lui. ça semble tiré par les cheveux, pourtant c’est bien vrai. et pourtant, pourtant malgré ce qu’on pourrait s’imaginer, je ne ressens rien, rien du tout pour lui. andrea c’est.. mon frère. c’est ça, andrea c’est mon frère, un peu. je range mon walkman dans la poche de ma salopette et m’assieds dans l’herbe. andrea, faut qu’tu m’aides, j’en ai marre. bon. j’ai pas tenu bien longtemps finalement, sans penser à nikki et à l’état dans lequel il me met. je soupire, énervée, lassée. énervée après moi-même, tout simplement. et puis j’me redresse d’un coup, le dos droit comme un piquet. non, attends. non. on recommence. je lui lance un sourire, lui pique ses lunettes de soleil et les colle sur mon nez. comment tu vas, mon chaton d’amour bébé chéri petit andrea ? ça, c’est juste pour pouvoir garder les lunettes un peu plus longtemps. mais vraiment, vraiment, j’aurais dû commencer par lui demander comment il va, plutôt que commencer par nikki. rah.

t'es allé au parc aujourd'hui. pas parce que t'as subitement envie d'aller te promener et de profiter de l'air frais, mais t'es censé rejoindre berenice et le parc c'est beaucoup plus sympa que ta maison en bordel où les jumeaux gueulent pour n'importe quoi. et puis c'est le jour de repos de ta mère et tu ne veux pas la déranger, pour une fois qu'elle peut se reposer. ta clope entre les lèvres, t'inspectes les alentours pour voir si berenice arrive quand t'entends un « andreaaaaaa. » avant d'être écrasé par une masse de cheveux brun. « putain, je t'ai manqué à ce point là ? » tu lui embrasses rapidement la joue avant de la poser à terre. « andrea, faut qu’tu m’aides, j’en ai marre. » mon dieu, tu t'attends au pire. qu'est-ce qu'elle a encore bien pu faire ? elle a une expression bizarre sur le visage mais avant que tu puisses comprendre ce que c'est, elle se redresse d'un coup. «  non, attends. non. on recommence. » elle te sourit et te pique tes lunettes. la garce. « comment tu vas, mon chaton d’amour bébé chéri petit andrea ? » elle avait donc bien quelque chose à te demander. ah, bere. « je vais bien, et toi chaton ?» tu l'observes un moment. elle est belle ta berenice. et gentille. les gens la connaissent pas, y'a que toi qui sais vraiment comment elle est. t'as encore du mal à comprendre pourquoi elle se fait passer pour ce qu'elle n'est pas mais tu dis rien. elle a l'air d'être bien comme ça alors tu la laisses faire, même si t'approuves pas vraiment. « bon, qu'est-ce que tu me veux ? si c'est pour savoir quelle robe tu dois porter à la soirée d'une de tes si précieuses amies, tu peux crever Bere. Déjà, tu sais que je n'y connais absolument rien en robe mais en plus tes amies et moi, c'est pas l'grand amour. »

putain, je t'ai manqué à ce point là ? je ris alors qu'il embrasse ma joue et me remets pieds à terre. si tu savaaaais à quel point, j'ai l'impression que ça fait des mois qu'on s'est pas retrouvés. oh mais ça, ça c'est ma faute à moi, si j'ai l'impression qu'on ne se voit pas assez. c'est ma faute, puisque c'est moi qui ait mis une barrière entre le lycée et l'extérieur, entre nous. je m'en veux, des fois, mais il dit qu'il comprend, alors je me rattrape à l'extérieur, comme là, quand je lui ai sauté dans les bras. j'ai pas tellement le choix, moi, après tout. puis, tant que ça n'le gêne pas, alors tout va bien, n'est-ce pas ? puis je me lance d'un coup sur mes soucis, et me rattrape pour savoir comment lui, va. je pique ses lunettes et, même s'il ne dit rien, je sais qu'il a envie de râler. mais je sais aussi qu'il ne me les reprendra pas, il n'peut rien me refuser, j'suis trop mignonne. ahah. je vais bien, et toi chaton ? je souris. je souris parce qu'il va bien, et c'est l'important, parce que j'sais que c'est pas toujours facile chez lui. alors s'il va bien, tout va bien. j'souris, et j'hausse les épaules, incertaine, en même temps que je réponds. oui, oui, ça va. enfin, je crois. enfin, non. enfin, moyen. ah, andrea, si tu savais. bon, qu'est-ce que tu me veux ? si c'est pour savoir quelle robe tu dois porter à la soirée d'une de tes si précieuses amies, tu peux crever bere. déjà, tu sais que je n'y connais absolument rien en robe mais en plus tes amies et moi, c'est pas l'grand amour. je le regarde, moitié choquée, moitié vexée. je grimace et fronce les sourcils. j'aime pas la façon dont il a dit ça 'tes si précieuses amies'. oh, je sais qu'il ne les aime pas beaucoup, même pas vraiment. mais quand même. elles restent mes amies. plus ou moins. mais non, c'est pas ça, si j'devais choisir une robe pour une soirée, je saurais déjà laquelle mettre ; très courte, grand décolleté. j'affiche un immense sourire. oh, je sais qu'il n'aimerait pas que je porte ça, et c'est bien pour ça que je lui dis, même si, sincèrement, c'est pas franchement mon genre de robe. puis je reprends mon sérieux, l'air presque grave. non, andrea, c'est pas ça.. c'est nikki. je soupire un grand coup, mes épaules se baissent, las. l'autre jour, il m'a ramenée à la maison, et il m'a embrassée, et.. je retire légèrement les lunettes de mes yeux, et me mets à chuchoter. il a dit qu'il savait que je jouais un jeu, que j'étais encore.. enfin que j'avais jamais.. enfin, tu vois. tu crois qu'il sait ? oh, j'suis cuite s'il le sait andrea. aide-moooooi. je lance finalement, pour m'écraser contre la pelouse, sur le dos, désespérée.